Quoi 2 9 ? Rituel en pédagogie Freinet

Petite explication d’un des rituels les plus pratiqués de la pédagogie Freinet.

Le Quoi 2 9 ?, appelé dans certaines classes Présentations est un moment de discussion qui fait lien entre la maison et l’école.

On ne le dira jamais assez mais il y a autant de manière de pratiquer la pédagogie freinet qu’il y a d’instits freinet. C’est donc la même chose pour ce rituel. Je vous explique donc une manière de faire, n’hésitez pas à aller voir en ligne ou dans les bouquins d’autres idées.

Mon but, c’est de leur permettre de faire le lien avec la maison, que les enfants se rendent compte qu’ils ont déjà des savoirs, qu’ils ont des choses à partager qui intéressent d’autres. C’est aussi une pratique du langage oral efficace : travail autour de la présentation et questions-réponses donc de l’argumentation.

Deux fois par semaine, sur vingt minutes, a lieu le Quoi 2 9. Certaines années, je le faisais tous les jours, d’autres fois moins comme cette année.

Chaque enfant qui veut présenter s’inscrit le jour-même. S’il n’a pas le temps de passer, il est prioritaire pour la fois suivante. Chaque enfant a 5 minutes : 3 minutes de présentation et 2 minutes pour l’échange principalement sous forme de questions/réponses avec les autres enfants et moi.

Si je sens que cela peut être intéressant et que le groupe répond positivement, on peut en profiter pour lancer une recherche plus approfondie ou un atelier animé par l’enfant.

Tout ce qui est dit est consigné dans un cahier (sauf indication contraire de l’enfant), une photo de l’enfant avec l’objet est prise et collée en dessous du texte. Le cahier circule chaque soir dans une famille différente. Les familles apprécient beaucoup. Elles comprennent mieux ce qu’il se passe en classe, elles ont un support de discussion avec leur enfant. Combien de fois un enfant est revenu en me racontant avec joie que le cahier avait fait le tour de l’immeuble dans la soirée.

Deux choses diffèrent principalement entre pédagogues freinet sur la manière de faire :

• Le fait de demander de ramener quelque chose ou seulement de raconter ce qu’ils veulent.
• L’exploitation ou non en classe pour d’autres projets, recherches…

Ce sont des décisions qui se valent, elles dépendent de l’envie, des objectifs, des tendances pédagogiques de chacun…

Sur ce temps, la richesse est aussi qu’il y a une différenciation naturelle, qu’il n’y a ni bon ni mauvais. J’ai vu des enfants mal intégrés en début d’année, qui avaient du mal à briller dans les apprentissages d’une classe traditionnelle, se révéler d’abord par ce rituel, montrant ainsi un talent ou une passion que les autres ignoraient.

Un exemple prégnant : Cet enfant, en classe de CM2, diagnostiqué TDAH. Il avait des difficultés à créer des amitiés, car pour les autres enfants c’était surtout un enfant étrange qui ne pouvait se départir de ses obsessions. Combien de fois a-t-il posé une question 30 fois ne pouvant se calmer que lorsqu’il obtenait une réponse ? Combien de fois a-t-il commencé un livre sans pouvoir s’arrêter avant d’avoir tout fini (imaginez donc les moments où la bande-dessinée fait 30 tomes)… Ses obsessions, les autres enfants, les voyaient seulement comme quelque chose de gênant. Et puis un jour, il présente pour le Quoi 2 9 ses dessins. Alors quelle admiration j’ai pu lire, mais surtout IL a pu lire dans les yeux de ses camarades. Il avait commencé à dessiner des personnages de ses bandes dessinées préférées et comme c’était devenue une obsession aussi, il était parvenu à un talent de dessinateur qu’aucun enfant de cette classe ne possédait. Les choses se sont alors déliées toute seule, et l’intégration et les amitiés sont nées en douceur.